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La vie des marques de vêtements de luxe

Les marques de mode naissent, brillent, se fanent avec les générations qui les ont portées au succès. Les marques de luxe, au contraire, se bonifient en vieillissant. Elles sont les héritières des grands fournisseurs de vêtements du siècle.

Celles qui perdurent, parce qu’elles ont su évoluer, s’ouvrent aujourd’hui à la mode qui, dans leur chiffre d’affaires, n’occupe généralement pas plus de 20 %. Mais permet de focaliser sur des griffes anciennes les feux de l’actualité, avec leurs considérables retombées médiatiques. Il est plus facile en effet de photographier un manteau en cachemire sur un top model qu’une série de bagages, de sacoche pour homme ou des ceintures.

La diversification des grandes marques de vêtements de luxe

Ainsi, depuis quelques saisons, de grands noms de tradition comme Hermes, Céline, Vuitton ou Loewe se sont ouverts à la jeune création, à l’exemple de Gucci ou de Prada. Vuitton a engagé Marc Jacobs, Céline, Michael Kors, Loewe, Narciso Rodriguez. Mais c’est Jean-Louis Dumas qui a créé l’événement en dotant la maison Hermes, temple du classicisme, des compétences de Martin Margiela, créateur extrémiste inspiré. L’exercice n’en reste pas moins périlleux. Si, au sein des forteresses du luxe, le produit mode prenait plus d’importance que les autres lignes, au risque de se démoder un jour, c’est à tous les articles intemporels de ces marques qu’il porterait un terrible préjudice. Dont les a jusqu’ici préservés leur artisanat d’art.

Jil Sander

Avec cette double particularité dans le monde de la mode d’être à la fois une femme et une Allemande, Jil Sander a lancé discrètement sa marque de prêt-à-porter à Hambourg en 1973, prônant un masculin-féminin dont l’extrême sobriété s’allie au raffinement des moindres détails. Les matières, souvent nouvelles, la coupe parfaite, la palette neutre de Jil servent une ligne unique. Ce qui ne l’empêche pas de réaliser un chiffre d’affaires considérable et d’exceller dans le meilleur du luxe, celui qui ne se remarque pas.

Martin Margiela, des vêtements déroutants

Mystérieux, déroutant, sensible à une certaine image de l’avant-garde, Martin Margiela, né en 1957, se forme à l’Académie des Beaux-Arts d’Anvers. Après avoir créé sa propre marque en 1984, qui d’emblée dérange, il assiste Jean-Paul Gaultier. Théoricien, homme de laboratoire, son laconisme et sa singularité interpellent. Coutures apparentes, ourlets à bords vifs, déconstruction systématique et réinvention permanente. Ses silhouettes semblent prédire un nouvel avenir aux vêtements et ont révélé un des grands talents de sa génération.

Les créatifs de Londres

Patrick Cox, Philip Treacy Paul Smith Londres produit au cours des années quatre-vingt-dix nombres de talents originaux. Parmi ceux-ci, Philip Treacy, avec ses constructions aériennes d’une irrésistible fantaisie, renouvelle l’art et la manière de porter le chapeau ou le sac à bandoulières tels qu’ils se pratiquent encore en Grande-Bretagne. Depuis 1987, le bottier Patrick Cox a su imposer un nouveau type de soulier. Créant pour les femmes comme pour les hommes, son originalité volontiers moderniste sait s’allier au classicisme anglo-saxon. Quant à Paul Smith, l’élégance confortable de son vêtement au masculin compose avec la tradition des grands tailleurs londoniens et l’originalité que les nouvelles générations attendent. Parti d’une première boutique en 1979 à Londres, il en possède aujourd’hui un grand nombre de par le monde.